Albert SCHNYDER (1898-1989)
Peintre, dessinateur et lithographe suisse.
Paysagiste du Jura et portraitiste.
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Le retour du poulain, 1957
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24 x 19 cm [dessin]
43,5 x 36 cm [feuille]
55 x 46 cm [passe]
59 x 50 cm [cadre]
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Crayon sur papier bistré, contrecollé sur papier fort
Passe-partout en papier couché
Cadre baguette
[montage d'origine]
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Signé, intitulé et daté au dos par l'artiste
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Fils d’un mécanicien de locomotive et d’une mère issue d’une famille paysanne de l’Emmenthal, Albert Schnyder entreprend un apprentissage de lithographe à Berne à l’époque de la Première Guerre mondiale. De 1918 à 1921, il suit les cours d’Albrecht Mayer (dessin) et Arnold Fiechter (peinture) à la Gewerbeschule de Bâle. Il s’intéresse aux maîtres anciens comme aux artistes modernes, Paul Cézanne en particulier. De 1922 à 1924, il séjourne dans plusieurs villes allemandes, dont Berlin et Munich, où il découvre l’avant-garde internationale, l’expressionnisme du groupe Der Sturm et, en particulier, le travail de Oskar Kokoschka, Paul Klee, Georges Braque, Pablo Picasso et André Derain. Il détruira les travaux réalisés à cette époque.
Il s’établit définitivement à Delémont en automne 1924. Il travaille le portrait, le paysage jurassien, et présente pour la première fois ses œuvres en 1927 à la Kunsthalle de Berne dans une exposition collective. En 1936, il participe à une première exposition marquante, Schweizer Malerei und Plastik, à Zurich. En 1948, avec René Auberjonois, il représente la Suisse à la 24. Biennale de Venise. Dès lors se multiplient les expositions personnelles et collectives. On peut noter la rétrospective organisée à la Kunsthalle de Berne en 1959 à l’occasion de ses soixante ans, ainsi qu’en 2004 pour les quinze de sa disparition. En 1978, il est reçu bourgeois d’honneur de la Ville de Delémont où, en 1979, la galerie Paul Bovée lui consacre une grande exposition. À titre posthume, le Canton du Jura lui attribue le prix spécial des arts, des lettres et des sciences.
L’œuvre d’Albert Schnyder est d’un seul tenant et prend essentiellement pour thèmes le paysage jurassien, la scène d’intérieur, le portrait de gens humbles, la nature morte. Le style est net, solidement charpenté, tendu: une apparente simplicité qui a valu au peintre d’être souvent imité. Ses émules ont oublié l’humanité, la profondeur affective de l’œuvre, qui ne repose pas uniquement sur l’observation. Schnyder entendait donner une valeur éternelle à ses œuvres et confiait: «Jamais on ne pourra dire de mes toiles: ‹Voici Muriaux en septembre, entre huit et neuf heures du matin.› Je cherche le durable, le stable. J’ai horreur de tout ce qui fuit. Je dois vivre le drame de mon modèle, il faut que j’exprime sa quatrième dimension.»
Admirateur du cubisme, il s’est inspiré de sa clarté d’articulation sans y adhérer. À l’occasion de ses nombreux voyages, il s’est nourri de la peinture de Piero della Francesca et de Rembrandt: d’un côté la fermeté, la vision synthétique, l’ordonnance claire et harmonieuse, de l’autre la recherche intérieure, la charge émotionnelle. On ne distingue pas de périodes dans cet œuvre qui a si bien su capter la tonalité, l’âpreté du pays jurassien, sans jamais céder au pittoresque. Tout au plus remarque-t-on un passage de tons généralement sourds, sombres, à un éclaircissement de la palette vers les années 1950, avec l’apport de luminosités chaudes. Une peinture rigoureuse par sa forme, tendue vers l’unité profonde qui, pour Schnyder, régit la nature.
Collections institutionnelles (sélection): Delémont, Musée jurassien d’art et d’histoire; Olten, Kunstmuseum Olten; Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen Schaffhausen; Zurich, Kunsthaus Zürich.
Jean-Pierre Girod: « Albert Schnyder », in SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse, 2021 (première édition 1998).
REF : 680